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Le point sur l’état de l’hépatite C aujourd’hui

Pour les personnes atteintes d’hépatite C, surtout celles en marge de la société, les répercussions de la pandémie ont rendu plus difficile l’accès aux soins.

Cette année, le message est clair, l’hépatite ne peut plus attendre.

Laurence Mersilian, directrice générale du Centre associatif polyvalent d’aide Hépatite C (CAPHAC), a travaillé tout au long de la pandémie pour informer et soutenir les patients atteints de l’hépatite C afin d’aider à maintenir l’élan vers l’élimination de la maladie. Et dans le cadre de la grande coalition Action Hépatites Canada (AHC), elle a participé à la rédaction d’un rapport intitulé Rapport d’étape concernant les efforts d’élimination de l’hépatite virale au Canada, qui a été publié au printemps 2021.

Elle a partagé avec nous les leçons apprises durant la pandémie et les raisons pour lesquelles il est crucial d’agir maintenant pour atteindre l’objectif d’éradiquer l’hépatite C.

Quelles sont les plus importantes leçons à retenir de la pandémie de COVID-19?

L. Mersilian : La survenue de la pandémie de COVID-19 a malheureusement créé des défis additionnels qui ont ralenti les progrès mondiaux vers l’élimination — nous avons vu un impact disproportionné sur les populations marginalisées. La réduction des programmes de diminution des risques, en raison des restrictions imposées par la COVID-19, augmente les taux potentiels d’infection et de réinfection par le virus de l’hépatite C (VHC), tandis que l’interruption des tests de dépistage du VHC dans des laboratoires surchargés a influé sur les taux d’instauration du traitement, car les priorités ont changé et les patients hésitent à entrer dans les centres de soins. Alors que nous passons à un environnement post-COVID, il faudra relancer les personnes qui traitent l’hépatite C et les populations prioritaires, et il sera possible de tirer parti des enseignements et de l’infrastructure de la COVID-19.

Comment pouvons-nous toujours localiser les patients et leur faire passer des tests de dépistage à l’ère de la COVID-19?

L. Mersilian : Nous avons cerné cinq populations prioritaires qui sont les plus touchées par l’hépatite C au Canada : les personnes qui s’injectent des drogues (PID), les peuples autochtones, les détenus, les immigrants et les nouveaux arrivants, et les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes1. Ces cinq populations prioritaires sont historiquement privées d’un accès équitable aux soins de santé au Canada. Lorsque ces populations se recoupent, cette inégalité prend des formes plus complexes et plus prononcées. Nous devons effectuer un dépistage chez ces personnes dans leur milieu, directement dans leurs communautés et dans les endroits qu’elles fréquentent, comme dans les centres d’échange de seringues.

Pour les personnes qui vivent avec l’hépatite C, quels sont certains des plus grands défis et les besoins les plus urgents?

L. Mersilian : La stigmatisation entourant ce virus et l'accès limité aux soins empêchent de nombreuses personnes de passer des tests de dépistage et de se faire traiter. Pour les populations prioritaires qui ont été cernées, nous avons besoin d’un soutien par les pairs dans les communautés afin de faciliter l’accès aux soins de santé et de réduire les risques. De plus, il nous faut des modèles de soins sûrs et adaptés sur le plan culturel, y compris des soins primaires, mobiles et de télésanté. Enfin, la prévention, le dépistage et l'information en matière de VHC doivent être intégrés aux cliniques de santé sexuelle.

Que pensez-vous de la possibilité d’éliminer l’hépatite C en tant que maladie?

L. Mersilian : Nous avons cerné les populations prioritaires et nous disposons de traitements approuvés. Nous devons cependant intensifier nos efforts avant que les taux d’infection et de réinfection n’explosent. Il est toujours possible d’éliminer l’hépatite C, si nous relevons rapidement et efficacement les défis auxquels nous faisons face actuellement. Au nombre de ces défis, mentionnons le dépistage. Les bons outils de dépistage ne sont pas encore offerts au Canada. Lorsque tous les travailleurs de première ligne disposeront du test réflexe* aux fins de dépistage, nous aurons une bonne chance d’y parvenir. Mettons en place un plan d’action qui nous aidera à rebâtir l’arrimage aux soins.

Quelques faits saillants sur le VHC :

  • Selon les estimations, 250 000 Canadiens seraient atteints de l’hépatite C, mais près de la moitié d’entre eux ne le savent pas[1].
  • Le VHC est un virus qui attaque le foie. Non traitée, l’hépatite C peut entraîner une cirrhose, une insuffisance hépatique et même le cancer du foie[2].
  • L’hépatite C est une maladie silencieuse à évolution lente. Sans dépistage adéquat, vous ne saurez pas que vous en êtes atteint avant que votre foie ne soit gravement endommagé.
  • Une simple analyse de sang permet de déterminer si l’on est infecté par le VHC2.
  • Le VHC se transmet par contact de sang à sang2.
  • Le gouvernement fédéral et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont engagés à éradiquer l’hépatite C d’ici 20301.
  • Le Réseau Canadien sur l’Hépatite C (CanHepC) a élaboré le Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada, et des progrès ont été accomplis, mais il faut en faire plus pour respecter l’échéance de 20301.
  • Contrairement à l’hépatite A et B, l’hépatite C ne fait l’objet d’aucun vaccin2.
     

Pour en savoir plus sur le CAPAHC:
https://www.capahc.com/

1Réseau Canadien sur l’Hépatite C (CanHepC). Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada.
www.canhepc.ca/sites/default/files/media/documents/modele_directeur_vhc_2019_05.pdf
Fondation canadienne du foie. Hépatite. 
https://www.liver.ca/fr/patients-caregivers/liver-diseases/hepatite-c/

* Test connu sous le nom de test ARN hépatite C (VHC) réflexe